HISTOIRE DE SAINT-PIERRE-DE-BAT

HISTOIRE DE SAINT-PIERRE DE BAT

De la préhistoire à l’Antiquité

Situé sur un territoire forestier et près d’un cours d’eau, on peut facilement imaginer que le site de Saint-Pierre de Bat a toujours été habité par les hommes qui cherchaient à établir un campement, à bâtir un foyer. Forêt giboyeuse, terres arables naturellement irriguées, le site a dû abriter des clans de chasseurs préhistoriques, jusqu’aux Celtes — BITURIGES VIVISQUES — les fondateurs de Burdigala.

Mais la première preuve historique d’un habitât sur le territoire de Saint-Pierre de Bat, on le retrouve sur une parcelle du Moulin de la Place. Des découvertes effectuées en 1897 démontrent l’existence d’un site gallo-romain à cet endroit, très certainement une villa c’est-à-dire une exploitation avec des bâtiments agricoles et une demeure pour le propriétaire, modeste ou plus luxueuse, comme c’est le cas ici.

Moyen-Âge

Les premières traces écrites de l’existence de la paroisse « de Bat » datent du début du XIIe siècle. Dans le grand cartulaire de l’abbaye de La Sauve Majeure, entre 1126 et 1147, il est fait mention de dotations d’habitants de la commune de St Sulpice de Bat.

Parle-t-on du même village ? Oui. Pourquoi St Sulpice et non St Pierre ?

Deux hypothèses existent :

  • Soit la paroisse ne fut pas tout de suite dédiée à St Pierre, mais d’abord à St Vivien et St Sulpice.
  • Soit deux paroisses existaient distinctement, St Vivien (qui disparaîtra au XIIIe siècle) et St Sulpice, qui serait devenu St Pierre.

De toute façon, ces changements de saint patron sont courants.

Saint-Pierre de Bat. L'église -XIIe s.

Qui dit paroisse, dit église. L’église du village date de la première moitié du XIIe siècle et certaines sculptures présentent des similitudes avec celles de la Sauve-Majeure, ce qui s’explique par l’appartenance de l’église de St Sulpice de Bat à l’abbaye de la Sauve-Majeure. Mais le village et ses habitants dépendent aussi de la seigneurie du château voisin d’Arbis, la vicomté de Benauge, lequel appartient alors à la famille des Gavaret-Bouville.

En 1253, le vicomte mène la rébellion contre son suzerain Richard III, duc d’Aquitaine et roi d’Angleterre. L’armée du duc assiège le château de Benauge. Il faut s’imaginer une armée de plusieurs milliers d’hommes. A l’époque une armée vit aux dépends du territoire qu’elle occupe. C’est l’abbaye de La Sauve qui fournit des provisions, les hommes furent rassemblés à Saint-Macaire et à Rions. Cet épisode montre deux faces du Moyen-Age, le monde des paysans nourriciers et celui des guerriers destructeurs — deux mondes complémentaires. D’ailleurs, les fantassins et les archers et arbalétriers sont des paysans, « hommes francs » qui doivent le service de guerre.

Le château est pris et le duc d’Aquitaine dépossède les Gavaret-Bouville de la vicomté au profit de la famille de Grailly.

C’est à peu près à cette époque que le nom de la paroisse change : Saint-Sulpice devient alors Saint-Pierre de Bat.

À cette époque, la grande affaire de la vie est la quête spirituelle, la sauvegarde de l’âme. Si tout le monde n’a pas la possibilité de participer aux croisades, beaucoup peuvent racheter leur place au paradis en allant péleriner à Saint-jacques de Compostelle. Le chemin qui vient de Paris passe par Bordeaux et les Landes… Mais le pèlerin qui part de Vezelay ou du Puy avait le choix de passer soit par La Réole soit par La Sauve-Majeure, et la paroisse de Saint-Sulpice / Saint-Pierre est entre les deux bourgs. Il est probable que les habitants ont dû croiser quelques pèlerins égarés entre les deux chemins…

Mais pour Saint-Sulpice de Bat ou Saint-Pierre de Bat, ce n’est malheureusement pas le dernier épisode guerrier. La vicomté de Benauge connaîtra aussi la guerre de Cent Ans du côté anglais et sera le dernier bastion des anglais restitué au roi de France.

Saint-Pierre de Bat connaîtra aussi les affres des guerres de religions. C’est à cette époque que des aménagements sont apportés à l’église, notamment pour la fortifier (voir l’historique du bâtiment en page Patrimoine).

Modillon - Église de Saint-Pierre de Bat

XVIIIe siècle

Peu avant la révolution, nous possédons le témoignage du curé de Saint-Pierre de Bat sur l’état de sa Paroisse. Il décrit « un pays fort pauvre », même s’il note tout de même que l’Entre-Deux-Mers est la région nourricière de Bordeaux. A Saint-Pierre, on produit principalement du blé, du foin, de la pomme de terre et de la vigne.
Celle-ci produit du vin pour la consommation locale et de l’eau de vie pour le commerce.

Cadillac est d’ailleurs le principal port d’exportation de l’eau de vie du village… quand les chemins sont praticables, c’est-à-dire seulement quelques mois par an. Mais la vigne ne représente qu’un gros quart des cultures, peu de possibilité d’exportation donc de commerce. On trouve aussi du chanvre ce qui, à l’époque, dénote une activité de tissage. Pour le reste, le blé est autant destiné au commerce qu’à la consommation locale.

La paroisse de Saint-Pierre de Bat devient une commune en 1790. Elle traverse la révolution sans trop de dommage. Le fait d’avoir un curé « jureur » (qui a juré fidélité à la constitution civile du clergé, qui fait des prêtres des élus payés par l’État) a peut-être facilité les choses.

En 1790, le rôle d’imposition recense 26 laboureurs, métayers, ou fermiers, pour 8 vignerons, 25 artisans, 1 notaire et 2 chirurgiens. Pour une population de 600 habitants. Bien entendu, il ne faut pas prendre ces chiffres tels quels, beaucoup cultivent un bout de vigne même s’ils ne sont pas recensés comme vignerons, et les artisans ou vignerons font pousser aussi quelques légumes pour nourrir la famille.

À cette époque, la commune de Saint-Pierre de Bat essaiera de devenir chef-lieu de canton, mais faute d’avoir déjà une prison, elle échoue.

Entre 1791 et 1795, 29 pétruscains s’enrôleront pour défendre la patrie mais par la suite beaucoup se font reformer pour échapper à la conscription et aux boucheries de l’Empire.

XIXe & XXe siècles

La source lavoir de Saint-Pierre de Bat - Le lavoir (fin du XIXe s.)

Le milieu du XIXe siècle apporte un progrès de taille, le train qui va permettre aux viticulteurs de transporter leur vin plus vite et plus loin. Cette opportunité change la production agricole du Haut-Benauge. Le vin prend alors peu à peu la place prépondérante au détriment des céréales.

Le 28 février 1864, Emile Pereyre, député de La Réole, fait don à la commune de la statue de Saint-Pierre-es-liens.

Saint-Pierre de Bat paie un lourd tribut aux guerres du XXe siècle ; pendant la seconde guerre mondiale, la résistance est active dans le canton de Targon.

En 1943, Raymond Faugère, pétruscain de 23 ans, fait partie du réseau de résistance Gallia qui collecte des renseignements pour la zone sud. Malheureusement, infiltrés par un certain Pierre Meynard, qui dénonce tout le réseau, une quinzaine de résistants sont arrêtés, dont Raymond Faugère. Emprisonné au fort du Hâ, puis à Compiègne, déporté à Buchenwald, il mourra au camp de Dora. Raymond Faugère figure parmi les 9783 résistants morts en déportation. Il fut nommé Chevalier de la légion d’honneur, décoré de la Croix de guerre et de la Médaille de la Résistance.